Il y a des moments où un élève vient me voir après le cours et me demande : « Cette personne m'a montré cette technique de cette façon. Est-ce correcte? » La première chose à laquelle je pense quand j'entends ça c'est combien il aurait été plus efficace de me poser la question sur place, devant cet autre élève.
Je sais, vous pourriez être gêné de le faire parce que vous pensez que votre partenaire d'entraînement pourrait se sentir offensé que vous ne lui faites pas confiance. Si vous posez la question et que je confirme que ce qu'il vous a démontré, vous pourriez vous sentir gêné d'avoir douté de son savoir. Ou, si je suis en désaccord avec lui, il pourrait se sentir gêné de vous avoir mal informé. Je reconnais que ça pourrait être une situation embarrassante. Cela dit, aucun d'entre vous ne devrait se sentir gêné de poser des questions, ou offensé lorsque votre partenaire veut confirmer quelque chose avec moi. Mon nom est sur le site de l'école, il est donc normal que les élèves veuillent confirmer avec moi ce qui leur est démontré. Que vous soyez la personne qui démontre une technique ou celle qui se la fait démontrer, si vous êtes incertain de ce que vous faites pour une raison quelconque, je vous encourage à me poser votre question sur place. Voici pourquoi:
Chaque erreur de bonne foi est une occasion d'apprentissage. Faites-en bon usage. Et, soyez humble lorsque vous avez raison parce qu'il fut un temps où vous ne saviez pas ce que vous savez aujourd’hui. Si vous êtes engagé à l'apprentissage à vie comme je le suis, il y aura des moments dans l'avenir où vous serez celui qui commet l’erreur… Il y a plus de valeur dans l'apprentissage et l'application de nouvelles connaissances que dans le fait d'avoir raison ou d'avoir tort. Sifu Gary Ma Chaque fois que vous pratiquez une nouvelle technique, assurez-vous de prendre le temps nécéssaire pour vous permettre de développer de bonnes habitudes. Chaque répétition compte. Une fois que quelque chose devient une habitude, ça devient difficile à corriger. Donc, il est très important de veiller à ce que vous développiez de bonnes habitudes dès le début.
Pour ce faire, vous ne devriez pas être concerné par la vitesse ou la puissance. Vous devriez plutôt mettre l'accent sur la posture, l'alignement, la relaxation, la précision et la coordination. Le seul moment où il est acceptable de tenter d'augmenter la vitesse ou la puissance c'est lorsque vous avez effectué un nombre suffisant de répétitions contrôlées et avez développez une conscience du corps et une mémoire musculaire correcte. De cette façon, l'application de la vitesse ou de la puissance ne fera pas dérailler votre mouvement de sa trajectoire la plus efficace. Toute application de vitesse ou de puissance avant d'avoir développé une bonne technique augmentera le temps qu'il faudra pour développer une bonne technique. Pour nous assurer de bien performer quand ça compte, nous devons pratiquer correctement et nous assurer que chaque répétition nous mène vers cet objectif. Sous une pression extrême, la seule chose sur laquelle nous pouvons compter sont les habitudes que nous développons maintenant. Assurons-nous qu'elles soient les bonnes. Sifu Gary Ma Comment tirer le meilleur parti de l'entraînement avec un partenaire
Lorsque vous vous entraînez avec un partenaire, la plupart du temps, vous serez tous les deux à différents niveaux dans votre entraînement. Pour ceux qui ne savent pas comment aborder cela, il peut être difficile de comprendre comment les deux partenaires peuvent bénéficier de ce type de partenariat. Une chose est sûre, si les deux partenaires sont concernés uniquement par leur propre progrès individuel, ils retireront très peu du partenariat, voire rien du tout. La façon de créer un partenariat efficace c'est par la coopération. En d'autres termes, les deux partenaires doivent partager un objectif commun. La façon de faire cela est qu'une personne assiste l'autre à tour de rôle. Les deux partenaires devraient d'abord se concentrer sur l'entraînement de l'un pendant quelques minutes, pour ensuite se concentrer sur l'entraînement de l'autre. Il est important de reconnaître et de respecter votre niveau ainsi que celui de votre partenaire. À tour de rôle, demandez à votre partenaire ce sur quoi il travaille, et coopérez avec lui de manière à lui permettre de s'améliorer.* L'objectif étant de permettre à tous les deux de bénéficier de l'interaction de cinq à dix minutes, de sorte que vous en ressortiez mieux que vous ne l'étiez avant. En fonctionnant ainsi à chaque fois que vous changez de partenaire, vous bénéficierez tous énormément de chaque interaction autant en tant qu'individus qu'en tant que groupe. Imaginez ce qui pourrait se produire si vous appliquiez cette philosophie à l'extérieur du Kwoon dans votre vie de tous les jours. Imaginez les opportunités qui pourraient se présenter si vous réussissiez à rendre chaque interaction bénéfique pour les autres ainsi que pour vous-mêmes. Parfois, un sourire suffit, un compliment, des mots aimables, une recommandation de livre, un sandwich, ou une référence de client. Un petit geste peut faire toute une différence. Sifu Gary Ma * Normalement, le plus ancien des deux élèves commence en premier. Non pas par privilège, mais comme moyen de montrer l'exemple. Cela en supposant que le plus ancien des deux soit aussi le plus habile, ce qui n'est pas toujours le cas. Au final, ça importe peu lequel des deux commence en premier. Tant que les deux partenaires s'entraînent et assistent à tour de rôle, et que tous les élèves se respectent et coopèrent mutuellement peu importe leur grade ou leur niveau. Quand j’ai commencé à enseigner le Wing Chun il y a 4 ans, j’avais l’intention de le faire pendant six mois, et ensuite, décider si oui ou non j’aimais assez ça pour continuer. Mon père a commencé la première école de Wing Chun à Montréal en 1978. Il était une figure très bien connu au sein la communauté chinoise. Je trouvais que j’avais de grands souliers à chausser, et je n’avais aucun intérêt à essayer de le faire. Un jour, après que mon père soit décédé, un de ses anciens élèves est venu nous rendre visite au Gwoon où je m’entraînais et me dit: «Vous savez, votre père n’était pas aussi attaché qu'il semblait l'être à l’idée que vous appreniez le Wing Chun. Il espérait simplement que vous trouviez quelque chose que vous aimez et que vous y alliez jusqu’au bout.» En entendant ces mots, j’ai senti la pression s’envoler de mes épaules. Ces mots m’ont permis une sorte de renaissance en Wing Chun. Ils m’ont permis de m’entraîner à mon rythme et d'explorer sans aucune attente. Puis, quelque chose de merveilleux s’est produit : plus je m’entraînais, plus j’aimais ça et plus je m’y suis dédié. En parallèle, j’avais toujours su depuis mon enfance que je voulais dédier ma vie à inspirer, motiver et aider les gens à cheminer vers leur plein potentiel. Cependant, je n’aurait jamais deviné que je le ferais à travers l’enseignement du Wing Chun. Aujourd'hui, je me sens honoré et privilégié d'avoir cette opportunité. Je suis très heureux d’avoir la capacité d’être une force positive dans la vie des gens. J’ai non seulement la chance de faire ce que j'aime, mais aussi de le faire avec des gens extraordinaires comme vous. Je vous remercie d’avoir fait le saut, de votre capacité à reconnaître la valeur de mon enseignement, et de votre courage et votre capacité à agir. Merci de votre engagement envers vous-mêmes et de contribuer à l’évolution des uns et des autres. Vous m’inspirez à continuer d’enseigner et à être le meilleur Sifu que je puisse être. Mon souhait pour vous tous est que vous puissiez trouver quelque chose que vous aimez, que vous définissiez le succès pour vous-mêmes, et que vous y alliez jusqu’au bout. Et, que vous vous souviendrez des leçons que vous apprenez en Wing Chun pour qu’elles puissent vous servir à chaque étape. Aujourd'hui, nous célébrons chacun de nous. Du plus ancien au plus jeune, je suis heureux de vous avoir parmi nous. Joyeux quatrième anniversaire! Cordialement, Sifu Gary Ma Pour les gens qui pratiquent un art martial depuis quelques temps, se faire poser cette question peut nous prendre par surprise. Elle m'a certainement pris par surprise, à l'âge de vingt ans, quand j'ai repris mon entraînement en Wing Chun de manière assidue. À ce moment là, la meilleure réponse qui me venait à l'esprit était : « ...Parce que j'aime ça. » Après quelques années, cette réponse a commencé à me sembler une raison insatisfaisante. C'est alors que j'ai commencé à vraiment me questionner à ce sujet.
Je trouvais ça un peu farfelu de me poser cette question. Est-ce qu'on questionne celui qui aime jouer du piano pourquoi il aime ça? Celui qui aime peinturer pourquoi il fait de la peinture? Ou le coureur qui aime courir pourquoi il court? Pour ma part, la réponse était non. J'ai réalisé que mon insatisfaction envers ma réponse simple venait du fait que l'activité que j'aime tant est un système de combat, que le combat c'est violent, et que la violence, dans notre société, c'est mal vu. Ensuite, j'ai commencé à me poser d'autres questions tels que : « Si j'aime pratiquer un art martial, est-ce que ça veut dire que j'aime la violence? » et « Est-ce possible d'aimer pratiquer un art martial sans aimer la violence? » J'ai remarqué que ce sont surtout les gens qui ne sont pas de nature agressive qui trouvent difficile de verbaliser ce qui les attire vers les arts martiaux. J'ai aussi remarqué que les pratiquants d'arts martiaux traditionnels de très haut niveau sont souvent, aussi, les gens les plus gentils, amiables, et courtois que je connaisse. On ne peut pas nier que les arts martiaux ont été inventés pour la survie et le combat il y a plusieurs siècles. Cependant, si un art martial comme le Wing Chun continue de se répandre après 350 ans d'existence, dans nos temps modernes de haute technologie, il faut croire que le Wing Chun est plus qu'une simple activité physique et plus qu'un système de combat. Les raisons pour lesquelles les gens décident de pratiquer les arts martiaux sont nombreuses. Ça pourrait être soit pour apprendre à se défendre, pour la discipline, la confiance, la connaissance de soi; soit comme simple activité physique, pour gérer son stresse, pour sortir de sa bulle, pour la confrérie, etc. Il est très probable que la raison pour laquelle un élève commence la pratique du Kung Fu ne soit plus la même pour laquelle il continue de poursuivre son entraînement. Les raisons ont tendance à évoluer avec chaque élève. Savoir se défendre c'est important. On n'est jamais aussi heureux de savoir se défendre que lorsqu'on en a besoin. Heureusement, dans la société dans laquelle on vit, ce n'est plus simplement pour la survie que les gens continuent de pratiquer les arts martiaux traditionnels. Alors pourquoi les gens continuent-ils de pratiquer un art martial traditionnel mois après mois et année après année? Parce que c'est le moyen le plus efficace de cheminer à la découverte et à l'amélioration de soi et d'autrui. Avec les années, j'ai découvert que le Wing Chun réussissait à me satisfaire à tous les niveaux: physique, mental, intellectuel, et spirituel. Il est vrai que le Wing Chun est un système de combat, et que le combat est violent et dangereux. Par contre, si on comparait le pratiquant d'arts martiaux au conducteur d'automobile, il est évident que le conducteur d'automobile est plus dangereux que le pratiquant d'arts martiaux. Lorsque j'embarque dans une voiture, je mets ma ceinture de sécurité. Pas parce que j'ai l'intention de m'en servir, mais au cas où j’en aurais besoin. Lorsque j'embarque dans une voiture, ce n'est pas pour mettre une ceinture de sécurité, mais pour me rendre aux endroits où la voiture peut me mener. Essayer d'expliquer à quelqu'un les bénéfices que la pratique d'un art martial a pu m'apporter après tant d'années serait au mieux l'équivalent du « doigt qui pointe vers la lune ». C’est seulement en faisant l'expérience pour vous-même que vous pourrez trouver la répondre à cette question. Aujourd'hui, si vous me demandiez pourquoi je pratique toujours le Wing Chun, la réponse courte serait : « Parce que j'aime ça! » Sifu Gary Ma |
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Novembre 2016
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